Des mots à la minute, je peux en débiter beaucoup. Mais j’avoue qu’elle m’a battue. Étourdissante, à la limite épuisante. Et ce fût là toute la beauté de notre rencontre. Dans l’intensité. Une cadence effrénée qui permet à Julie Bourgeault de se donner entièrement à Espace Optimum.
Dès les premières secondes de notre rencontre, elle m’offre toute une introduction : « C’est ma 3ième entreprise, en fait. ». Je me préparais à découvrir un parcours essoufflant mais emprunt d’une résilience à toute épreuve.
Quand ton cerveau fonctionne vite, il suffit juste d’assumer qu’il ne va pas à la même vitesse que celui des autres.
Julie en est parfaitement consciente. À 14 ans, l’idée d’être en affaires avait déjà fait son chemin : ouvrir une chocolaterie. On est loin du concept d’un espace d’entraînement mais quand t’as 14 ans, ce ne sont pas les idées qui manquent. À bientôt 40, non plus! Les classer, c’est autre chose. Mais les ados se retrouvent toujours dans leur désordre.
Julie Bee, comme on la surnomme, installe avec le temps, une ébauche plus peaufinée. Adepte de l’entraînement et de la condition physique depuis sa jeunesse, elle entame, en 2002, un baccalauréat en kinésiologie et une mineure en entrepreneuriat. Le plan se prépare. À peu près au même moment, elle rencontre la propriétaire de Cardio Plein Air qui lui propose d’ouvrir une franchise. Elle reste concentrée, refuse et termine ses études. Et puis, finalement, elle change d’idées. Elle est comme ça Julie. Avoir une franchise la rapproche de ce qui était resté vague jusqu’à présent. Alors, elle se donne à fond. Des cours en entreprise, aux particuliers, des entraînements de groupe, trotte par ici, saute par là, ça bouge tout le temps, c’est parfait pour notre Bee. Routine, routine, routine, mais ça Julie, elle a bien de la misère avec le concept.
« J’étais brimée dans ma créativité.»
Elle s’épuise à la longue. Physiquement, parce qu’il faut courir pour les autres, à s’en étourdir. Mentalement, parce que tu ne sais plus après quoi tu cours. Sept ans plus tard, elle vend. Point. Pas de retour en arrière. Et puis Julie, elle a toujours tout fait toute seule. Il le faut bien. Alors, lorsqu’en 2013, elle choisit de s’associer pour ouvrir son propre gym, elle fonce sans vraiment réfléchir. Au diable l’équilibre, elle vit son impulsivité à fond! Enfin, le plan fonctionne. Elle investit tout ce qu’elle a, temps et argent.
L’entrepreneuriat puise sa source dans l’imprévu.
Et il frappe à la porte avec un paquet express nommé cancer. Sa belle Ophélie est malade. Le plan prend une longue pause. À son retour à l’automne 2014, elle s’aperçoit qu’elle n’a pas pu tout contrôler et son gym ne sert définitivement plus la vision qu’elle s’en était faite. Elle le donne. Point ça aussi. Il est temps de se l’avouer. Elle est fatiguée. Pourtant, tout doit se taire. Une idée bien pernicieuse dont on discute peu entre entrepreneurs. Julie doit changer d’air. C’est lors d’un voyage au Mexique que Julie se convainc de devenir « normale avec un vrai travail». Elle aime les langues et les gens. Voilà. Séquence réglée. Elle s’inscrit au baccalauréat en enseignement de l’anglais et de l’espagnol.. Elle sera comme les autres. L’arrivée surprise de bébé Bee chamboulera ses efforts de conformité. Encore.
Reprendre où l’on se devait d’être.
Stabilité et équilibre. C’était devenu le choix de Julie. Retourner à la source, prôner de saines habitudes et mettre à profit ses compétences de kinésiologue. Calmer son cerveau. Son espace, c’était un petit cocon aménagé juste pour elle. Jusqu’à ce qu’on lui fasse une simple demande. C’est tout ce que ça lui prenait pour créer Espace Optimum; un nouveau carburateur à défis.
Depuis 2017, son centre d’entraînement privé lui permet d’offrir conseils et expertise en entraînement et nutrition. Son intensité, elle la canalise et la propage à tous maintenant. Elle ne peut tout simplement pas se détacher des gens qui lui font confiance. Sa reconnaissance, c’est avec eux qu’elle l’obtient. L’avenir pour Espace Optimum se dessine doucement à travers un projet qu’elle cultive depuis longtemps; avoir sa propre marque de plats nutritifs et répandre Julie Bee. C’est la suite du plan. Le temps a tout simplement déterminé l’ordre dans lequel se succèderaient les séquences. Elle, n’en a jamais changé.
« Je ne vois pas ma vie autrement. »
Julie connaît sa différence. Au delà du produit ou du service que l’on offre, il y a nous. Se reconnaître comme entrepreneur, c’est savoir travailler avec ce que l’on est, plutôt que de se battre contre. Tant qu’à être partout dans sa tête en même temps, pourquoi ne pas se poser dans ce que l’on fait de mieux? Et ça, Julie Bourgeault s’y investit entièrement.